Récemment, on m’a proposé de publier ma démarche artistique dans un magazine parisien, accompagnée de quelques photos de mes œuvres. Après m’être entretenue brièvement avec lui, j’ai compris qu’en fait, il m’offrait de leur donner de l’argent pour qu’une de leur « journalistes » écrive un article sur mes créations. C’était, selon lui, une formidable opportunité d’accéder à une visibilité internationale, et pouvoir ainsi dire que la presse parle de moi.
Je ne sais pas si tous les magazines fonctionnent de cette façon, mais cette manière « arrangée » de me donner du prestige et me faire connaître ne correspond pas du tout au message que je porte.
Cette offre m’a amené à réfléchir à ce qui est vraiment important pour moi, et de quelle façon je veux utiliser mes ressources pour avancer dans mes projets. C’est un passage du sermon sur la montagne qui m’a éclairé.
Alors que Jésus nous engage à nous amasser des trésors dans le ciel, il nous explique que ça ne se produit pas en s’inquiétant des choses matérielles, extérieures à soi : de ce qu’on va manger, boire ou porter. Il nous incite à garder nos yeux tournés vers le créateur, parce qu’en le voyant à l’œuvre dans notre cœur, on en arrivera à ne plus nous soucier de ces choses. Non par négligence, mais parce qu’une confiance inébranlable s’installe en nous quand on prend réellement la mesure de sa bonté, de ses promesses et de sa fidélité.
Alors que je me demandais comment je pourrais bien arriver à vivre de mon art, ma lecture m’a amenée à considérer que bien que Dieu satisfasse les besoins de notre corps, c’est surtout notre faim et notre soif de justice qu’il veut rassasier en nous. Il nourrit le corps, sans négliger l’âme. Pour entrer dans sa justice, je pourrais commencer par accepter pleinement le lieu où il m’a placée, avec les défis que ça représente et la vitesse avec laquelle les choses se déroulent; je pourrais aussi m’en remettre entièrement à lui sans chercher à fuir, ni à contrôler les événements;
Sur cette montagne, Jésus nous a offert un emploi à temps plein : celui de nous attendre à lui, nous attendre à son œuvre dans nos cœurs et dans nos relations. Ça ne dépend pas d’une culture, d’une politique ou d’une religion; c’est une question d’amour, une recherche d’authenticité, une volonté de découvrir qui nous sommes ultimement, et vivre en cohérence.
Cet appel du rédacteur m’a fait l’effet d’une notification spirituelle : « Tiens-toi prête, on ne sait jamais ce qui peut arriver du jour au lendemain ! » Les éloges que j’ai reçus, bien qu’elles fissent partie de son discours de vente, m’ont faits prendre conscience que mes dessins peuvent être remarqués et appréciés un peu partout dans le monde. Cette conversation a repoussé en quelques sortes les frontières du possible que je m’étais fixées, et m’a encouragée à cultiver le mode de vie qui correspond à ce que j’aspire voir arriver un jour avec mes dessins.